Fin d'enquête

Ce matin même je m'étais rendu à L.A en compagnie de Wallace, et j'avais enfin retrouvée la mère de Sélène après deux semaines de recherches. Deux semaines qui avaient dû paraître extrêmement longues pour Sélène, je ne voulais donc pas la faire attendre plus longtemps, je décida donc de passer directement chez elle.
Il était 20h, je sonna à la porte. Un homme d'une quarantaine d'années, souriant mais l'air un peu fatigué m'ouvrit.

-Bonsoir
-Bonsoir, je m'appelle Veronica, je suis une amie de Sélène

Son sourire se fit plus grand, il me fit chaleureusement entrer. Je n'avais pas toujours connu un tel accueil dans les familles de mes amis, surtout celle de Lily. Mais je me rappella le bonheur de la mère à Sélène quand elle avait su que Wallace et moi étions ses amis. Ca devait être important pour eux que Sélène soit entourée

-Sélène!! Veronica est venue te voir!!

J'étais en train de plancher sur une dissertation d'Histoire de l'Art, dans ma chambre, une musique douce dans les oreilles, et je cherchai vainement l'inspiration. Le réalisme n'était pas mon sujet favori. Je préférai de loin l'impressionnisme qui me faisait voyager dans des mondes inconnus...

Une main ôta les écouteurs que j'avais dans les oreilles. Je sursautai suprise et tournai la tête. Mon père se tenait à côté de moi :

- Ca fait trois fois que je t'appelle Sélène, une de tes amies attends en bas dans le salon.

Encore plongé dans ma bulle, je mis quelques secondes à réaliser :

- Une amie ?
- Oui. Véronica.

Ce nom finit de m'arracher à ma rêverie. Véronica... Maman... Je me levais précipitamment en prenant à peine le temps de remercier mon père. Dans ma hâte, des papiers volèrent mais je n'y fit pas attention. J'étais déjà dans l'escalier quand j'entendis mon père ajouter :

- Elle a l'air très sympathique !

J'arrivai au salon tout essouflée, extrêmement nerveuse. Véronica était debout face à un tableau qui représentait un soleil couchant et mettait en relief une montagne aux neiges éternelles. Un cliché... Qui me faisait toujours vibrer ! Elle l'observait :

- C'est mon oeuvre, ça te plait ?

Véronica se retourna :

Après avoir appellé sa fille 3 fois mais sans réponse le père de Sélène décida de monter la chercher. Je marcha un peu dans le couloir de l'entrée, il y avait beaucoup de peintures accrochées au mur mais je n'en connaissais aucune.
L'une d'elle m'interpella plus que les autres, c'était un couché de soleil sur la cime d'une montagne enneigée.

-C'est mon oeuvre ca te plais?

Je me retourna surprise, je n'avais pas entendu Sélène arriver.

-Ton oeuvre? Je ne savais pas que tu peignais. C'est magnifique.

Je me tourna une nouvelle fois vers le tableau pour l'observer mais j'entendais Sélène trépigner derrière moi. Elle devait se douter pourquoi j'étais venue. J'entendis son père descendre les escaliers

-Est ce qu'on pourrait se mettre quelque part où on ne serait pas dérangé?

Sélène avait l'air d'avoir compris. Son père était aussi concerné mais il savait où était sa femme il n'avait donc pas besoin d'être là, et puis il n'était peut être pas au courant que sa fille m'avait engagé

Véronica avait deviné ma pensée lorsqu'elle demanda à ce qu'on s'isole. Je répondis au grand sourire que mon père m'adressait de loin, heureux de me voir avec une amie, puis proposa plus bas :

- Allons dans ma chambre, on sera plus tranquille.

Après avoir remis de l'ordre dans mes papiers, et une fois installées sur mon lit, je fixai de nouveau Véronica. Je n'arrivai pas à déceler dans son attitude si les nouvelles qu'elles m'apportaient -car je ne doutais pas un seul instant qu'elle était là pour autre chose- étaient bonnes ou non.

Nerveusement, mon pied battait la cadence sur le plancher de ma chambre. J'attendais qu'elle prenne la parole.

-Si je suis venue te voir tu te doute bien que ce n'est pas pour le simple plaisir de voir une amie!

Je me mise à rigoler

-Même si ca me fait super plaisir de te voir! En fait j'ai du nouveau sur ta mère, je l'ai retrouvé.

Sélène ouvrit grand ses yeux, un sourire apparu et elle se leva d'un bond de son lit. Je gardais une expression neutre sur mon visage

* Dis moi qu'elle va bien, dis moi qu'elle va bien !* Priais-je en silence.

Le visage de Véronica était toujours insondable et ma joie retomba aussitôt. Je ne pus m'empêcher de prendre la parole :

- Qu'est-ce qui se passe ? Il y'a un problème ? C'est grave ?

Et puis mon inquiétude se transforma en angoisse. Les secondes qui passaient me paraissaient des heures. J'avais l'horrible sensation de vivre la situation au ralenti. Je guettai avec un espoir desespéré un sourire de Véronica...

Est ce que j'avais bougé un sourcil, ou mordu la lèvre... Je n'avais pas l'impression et pourtant Sélène se doutait de quelque chose. Je ne voulais pas lui mentir et en même temps je ne pouvais pas tout lui dire, ce n'était pas à moi de le faire...

-Tu n'as pas a t'inquieter Sélène, ta mère rentre demain normalement et elle t'expliquera elle même les raisons de ce départ précipité.

J'éspèrais avoir rassuré Sélène. En pensant au moment où sa mère allait lui apprendre la présence de la tumeur j'eus un frisson. Heureusement qu'elle allait pouvoir être opérée par ce chirurgien.

*Elle va bien...*

J'essayai de me rassurer en me répétant les mots de Véronica. Mais un doute horrible s'insinuait en moi. Pourquoi ne me disait-elle pas tout ?

Je ne décelais toujours rien sur le visage de Véronica et n'y tenant plus, j'explosais :

- Pourquoi tout ce mystère? Qu'est-ce qu'elle a ? Où est-elle ? Qu'est-ce qu'elle a de si important à me dire ??

Et brusquement les larmes jaillirent. Je me mordit la lèvre en essayant vainement de les retenir. Toute cette tension ressentit depuis l'arrivée de la jeune fille explosait, ne me laissant aucune chance de garder la face !

Malheureusement pour moi Sélène était plus coriace que prévu, elle se mit à me poser d'autres questions toutes aussi embarassantes les unes que les autres, et puis au moment où je m'y attendais le moins elle fondit en larme bruyamment, ce n'était pas de simple pleurs, c'était une vrai crise de nerf, elle avait l'air à bout.
Je me leva du lit abasourdie

-Sélène...

Mais la porte de sa chambre s'ouvrit à la volée, son père entra

-Est ce que tout va bien? J'ai cru...

Il vit Sélène en larmes

-Qu'est ce qui se passe??

Sélène bafouilla deux, trois mots. Et son père qui était tout à l'heure si gentil me lanca un regard noir. Je n'étais pas restée longtemps sympathique à ses yeux.
Je ne savais pas quoi faire, lui expliquer la situation, ou lui mentir pour qu'il nous laisse. Je décida d'opter pour la deuxième solution. Avec un air convaincant je lui dis

-Monsieur Muniz, comment dire... c'est juste une peine de coeur...

Le père de Sélène eu soudain un air gêné, l'air d'un homme qui n'est plus à sa place dans une discussion de fille. Il regarda Sélène l'air triste et attendrit

-Si vous avez besoin de moi je suis en bas

Je me contenta de sourire à Sélène pour lui répondre. Elle soupira entre soulagement et impatience.
Depuis mon arrivée je n'avais pas eu le temps d'observer sa chambre, elle était accueillante, un lit avec plein de petits coussins, un bureau en bois avec une petite lumière tamisée, des photos collées au mur. Sur pas mal d'entre elle on pouvait y voir Sélène et un garçon, ils avaient l'air assez proches.
Ma curiosité naturelle repris le dessus.

-C'est qui sur les photos avec toi?

Sélène se retourna pour regarder le mur avec les clichés. Elle avait le regard vague...

Je pensais encore à ma mère quand Véronica me posa une question :

- C'est qui sur les photos avec toi ?

Je me retournai surprise et les contempla un instant sans les voir. C'était inutile que je les regarde, je les connaissais par coeur... Je répondit faiblement, encore sous le coup de sa révélation à demi-mots sur ma mère :

- C'est Anton...

*Anton... *

Son nom résonna étrangement dans mon esprit. Depuis que j'étais arrivée à Neptune, je n'avais jamais parlé de lui directement à quelqu'un. J'ajoutai :

- Mon ex... Le premier grand amour de ma vie j'imagine !

En disant cela j'avais souris d'un air désabusé. Un grand amour qui m'avait détruite, quel paradoxe !

Son premier grand amour... Cela me faisait penser à Duncan, je ne l'avais pas vu depuis... depuis quand au juste? Je ne savais plus. Notre relation avait tellement changé depuis l'histoire avec Meg.
Sélène elle aussi avait l'air d'avoir vécue pas mal de choses avec ce Anton, cela se voyait à sa facon de regarder les photos accrochées au mur.

-Ah oui ce grand amour là... Je l'ai connu aussi...

Je lui souria

Elle avait un sourire compréhensif. Mais je hochai la tête et ajoutait doucement :

- Je ne pense pas que tu l'ai vécu comme moi, et heureusement pour toi Véronica !

*Ton grand amour ne t'a pas amener à coucher avec dealer pour fournir à l'homme que tu aimes, sa drogue qui lui manque tant et qu'il n'a pas les moyens d'acheter !*

Je regardai fixement une photo en particulier de Anton, où il me regardait en souriant. Ce jour là, il était défoncé. Mais pour moi à l'époque, c'était normal. Ca faisait partie du quotidien. Je me demandai à présent jusqu'à quel point il était conscient de notre relation...

Ah ses mots je me doutais que Sélène pensait mon grand amour comme celui de n'importe qu'elle adolescente qui se respecte. Mais ce n'était pas vraiment le cas

-Je ne l'ai surement pas vécu comme toi c'est vrai, mais ce n'était pas spécialement non plus une partie de plaisir... Mais tout ca c'est du passé maintenant.

Il faisait nuit et j'avais dit à Sélène ce pour quoi j'étais venue. Je ne voulais pas la déranger, ni son père. Je me leva

-Je crois que je vais y aller

- Attends ! Reste !

Veronica me regarda un peu surprise. Moi même je ne savais pas très bien pourquoi je lui demandai de rester. Peut-être parce que insonciemment, elle était le seul lien qui me rattachait à ma mère pour le moment.

L'éventualité du départ de Veronica me faisait prendre conscience que je n'avais plus la motivation pour travailler, ni pour finir la soirée seule avec mon père, à qui je serai incapable de mentir jusqu'au bout !

J'ajoutai plus doucement :

- Reste s'il te plait...

J'étais sur le point de franchir la porte d la chambre quand Sélène m'interpella. D'un air un peu surpris je me retourna, elle avait un regard un peu perdu puis elle me demanda de rester. J'hésita quelques instants ne voulant pas la déranger et j'avais promis à mon père qu'on mangerait ensemble.
Mais en voyant Sélène boulversée je ne pouvais pas refuser. Je referma la porte

-Si ca ne te déranges pas.

Je retourna m'asseoir sur le lit et sortit mon portable

-Je dois passer un coup de fil à mon père

En passant mon coup de fil Sélène se sentit coupable.

-Non je vois mon père tous les jours, il pourra se passer de moi pour un soir, il devra juste prendre ses cachets pour ne pas faire de crise, il a le coeur fragile et il n'aime pas trop qu'on change les plans à la dernière minute.

Sélène parue éffrayée

-Je t'embête! Il va bien et il se passera de moi sans problème, il a l'habitude, quand j'étais avec Logan je...

Je me mordis les ongles d'un air gêné. J'avais parlé de Logan s'en même m'en rendre compte et ca faisait un bon moment que je n'avais pas évoqué le temps passé avec lui. Ca faisait une drôle de sensation.

-Alors on fait quoi ce soir? Soirée filles, en pyjama, on se met du vernis tout en parlant de garçons?

J'avais pris mon air d'ado hystérique

Je fis un sourire à Sélène, je pensais comme elle, on avait commencé les confidences en effet. Et je me doutais bien qu'elle avait remarqué mon hésitation à propos de Logan. Quant à elle j'étais sûre qu'elle avait beaucoup à dire sur Anton.
Après tout pourquoi pas tout raconter, ca pouvait être interessant de se confier à quelqun de complètement objectif. Je ne racontais pas vraiment mes histoires de coeur en génèral, à part à Wallace et Lilly, mais je ne suis pas sûre qu'ils soient vraiment objectif..
Et puis même si je ne connaissais pas Sélène depuis longtemps, j'avais la sensation qu'on pouvait lui faire confiance.

-Vas y sort le vernis! Qui commence pour les confidences?

Sélène se leva et s'approcha d'une étagère, elle mis de la musique puis commenca à fouiller dans une boîte. En attendant j'enleva ma veste, je sentais que la soirée allait être longue.