A l'hôpital

JOUR 1 : LE REVEIL

J'ouvris les yeux... je vis d'abord des formes flous. Beaucoup de blanc autour de moi. Mes yeux s'habituèrent avec difficultés à la lumière. Un second sens fut sollicité : l'ouie. J'entendis un bip. Un bip qui revenait régulièrement. Et des bruits étouffés. Un peu lointain. Et une respiration.

Mes yeux habitués à la lumière, mon champs de vision augmenta : Je voyais un mur face à moi, que je ne connaissai pas. Et puis le bout du lit dans lequel j'étais allongé. Drap blanc, barreau en fer.

Un troisième sens se réveilla : le toucher. Mes bras reposaient mollement sur le lit. Et une main chaude emprisonnait la mienne.

Je voulu tourner la tête, mais une douleur aigu m'en empêcha. Je serrais les dents pour retenir un gémissement. J'aurais voulu savoir qui se tenait près de moi. Où j'étais. Pourquoi j'étais là. Mais impossible. Je tentais d'engager le dialogue, et ma voix sortit si faiblement que je doutais d'avoir parler :

- Je suis où ?

Cela faisait maintenant quelques heures que j'étais au chevet de Sélène. Cela faisait quelques heures que je l'avais trouvé sur la chaussée après son accident. Laura, elle était rentré chez elle avec Félix que j'avais appelé pour le prévenir. Je tenais la main de Sélène dans la mienne et fini par m'endormir dans cette position. Au bout de je ne sais pas combien de temps, il me sembla l'entendre parler. Je me disais que je rêvais mais je me réveilla quand même et vit les yeux ouvert de Sélène. Je lui souria.

-Tu te réveilles enfin ? Je vais chercher un médecin.

Je lâcha la main de Sélène et sorti prévenir de son réveil.

Une voix qui me parut familière me répondit. J'entendis vaguement le mot "medecin" mais je n'entendis pas le reste. J'étais donc à l'hôpital ? Je ne reconnu pas non plus de façon certaine la fille qui parlait.

Presque aussitôt la main me lâcha. Je voulu faire une nouvelle tentative pour tourner la tête. Nouvel échec aussi. La même douleur vive m'arracha un léger cri.

- Y'a quelqu'un ?

Pas de réponse.

Au bout d'un interminable moment, j'entendis de nouveau du bruit, des voix qui s'approchaient. La même voix familière de tout à l'heure et une autre, masculine. Je reposai ma question différemment, et ma voix sembla un peu plus forte que tout à l'heure :

- Qu'est-ce que je fais là ?

J'étais devant la chambre avec le médecin quand Sélène posa une question. Le médecin ouvrit un peu plus la porte et répondit.

-Vous avez eu un accident de moto. Je vais vous examiner.

Le médecin ferma la porte pendant ce temps, j'attendais patiement que le médecin finisse. Comme les examens tardaient, je sortis un peu pour prévenir ses parents de son réveil ainsi que tous nos amis, sans oublier Damien.

"Accident de moto"... Ces mots résonnèrent assez douloureusement à mes oreilles. En un éclair, je me souvins : le run aux falaises, le rocher sur la route et la chute...;

L'homme, qui devait être le médecin, entrepris de m'examiner, me palper, et faire toutes sortes d'examens. A moitié dans les vapes, la tête encore fixe et le champs de vision assez réduit, je le laissais faire sans protester. Pourtant un bouillonnement commençait à m'envahir : Je voulais me lever et partir en courant !!!

Une nouvelle question sortit d'elle-même, presque malgré moi :

- Où est Laura ???
- Calmez vous mademoiselle Muniz, tout va bien. Votre état est très encourageant.

Mais je m'en fichais de mon état :

- OU EST LAURA ?????

Ma voix revenait progressivement. Je criais une nouvelle fois :

- DITES MOI OU ELLE EST !!!!!!

Et j'arrivais enfin, sous une poussée d'adrénaline très certainement, à tourner la tête pour regarder l'homme. Derrière lui la porte s'ouvrit et je reconnu Lilly... C'était donc elle, la voix du début !

En revenant devant la chambre de Sélène, je l'entendis crier. J'ouvris la porte malgré les protestations des infirmières. Je rentra et m'approcha d'elle.

-Laura va bien. Elle est sortie de l'hopital en compagnie de Félix.

Elle sembla surprise quand je prononça le nom de Félix. C'est vrai qu'entre lui et moi ce n'était pas le grand amour mais Laura est mon amie mais c'est aussi sa copine.

-Je l'ai appelé quand les ambulances vous en emmené à l'hopital.

L'information m'arriva en deux temps : Laura allait bien et ce poids en moins allégea ma poitrine. Lilly parlait d'ambulance et d'hôpitaux. J'étais donc bien à l'hôpital. Je l'avais déjà compris, mais mon cerveau avait eu besoin de cette précision pour en être bien sûr et réaliser complètement.

Je regardais Lilly puis le médecin et mon point de vue changea littéralement : maintenant que je savais Laura hors de danger, mon cas me préoccupa étrangement :

- Et moi, qu'est-ce que j'ai ?

Je regarda le médecin qui était encore dans la chambre avec nous.

-Vous avez un léger traumatisme cranien, quelques contusions ainsi qu'une entorse des cervicales.

Sélène sembla surprise de ce qu'elle avait. Le médecin s'en alla finallement, me laissant seule avec elle.

-Tu peux remercier Celeste, sans elle, je ne vous aurais jamais trouvé.

Avais-je dis en plaisantant.

"traumatisme cranien, contusions, entourse des cervicales..."

Tous ces mots me faisaient peur. Je ne compris pas tout. Le médecin semblait calme, puis il quitta la pièce. Mais je n'étais toujours pas rassuré. Et la plaisanterie de Lilly ne m'aida pas à me détendre :

- Mais c'est grave un traumatisme cranien !!!

Je fixais sur Lilly un regard affolé.

- Mes parents sont prévenus ? Ils vont venir ?

Mais je me souvins brusquement qu'ils étaient en voyage pour le week-end et qu'ils n'étaient pas prêts de venir :

- Combien de temps je vais rester ici ? Je sors quand ??

Les questions et les angoisses se bousculaient en moi !

Sélène paniquait et moi je souriais.

-Hey, calme-toi. Un traumastisme cranien n'est pas forcément grave. Le médecin, ou plutôt un bel interne, m'a expliqué qu'on appelle traumastisme cranien une légère bosse sur le crane et c'est ce que tu as.

Je lui souria encore mais elle ne semblait pas rassurer pour autant.

-Au fait, j'ai prévenu les autres que tu étais réveillée et ils pensent tous à toi.

Je n'avais pas osé lui dire que Damien n'avait pas répondu et que j'étais tombé les 2 fois sur son répondeur sans qu'il n'essaie de me contacter.

- Une bosse c'est tout ??

Lilly hocha la tête, elle semblait sincèrement sereine. Son calme était contagieux. Elle m'arracha même un léger sourire quand elle me parla du bel interne :

- Rien ne t'arrête hein !

Je souriai...

- Et Damien, il va venir ??

Je souria toujours même quand elle me demanda si Damien allait venir. Lui dire la vérité lui aurait fait mal alors il fallait que je trouve quelque chose pour excuser l'absence de l'homme qu'elle aime.

-Je ne sais pas s'il viendra tout te voir à l'hopital. Quand je l'ai eu, il m'a dit qu'il n'aimait pas trop les hopitaux et que te voir allongée sur ce lit, le rendrait encore plus triste.

Je lui souriais.

-Mais il m'a chargé de t'embrasser pour lui alors il t'embrasse fort et il t'aime.

"Il t'embrasse et il t'aime"... Je souris toute seule en entendant ses mots. Mais j'avais une petite pointe de déception malgré tout. Ni mes parents, ni Damien ne viendraient me voir ici... Je regardais Lilly dont la présence chaleureuse était rassurante :

- Je suis contente que tu sois là Lilly !

Sa main serra la mienne. C'était étrange d'ailleurs qu'elle soit là, je n'aurais jamais imaginé qu'elle supportait les hôpitaux. Ca devait lui demander un certain effort d'être là, et heureusement pour elle et pour moi sans doute, que les beaux internes existaient ! Vraiment touchée de sa présence, j'insistai :

- Vraiment très contente !

Elle me sourit.

- Alors c'est toi qui nous a trouvé ? Heureusement que tu es passée... Qu'est-ce que tu faisais sur les falaises ?

Je regardais Sélène et souriant.

-Je me suis encore embrouillé avec Celeste et j'étais partie faire un tour en voiture pour me calmer et j'ai atterri sur les falaises. C'est là que j'ai vu le rocher et vous 2 après.

Je continuais de sourire. Après tout, il fallait bien que je la rassure.

-Après, j'ai appelé les secours et une fois que vous êtes parties avec les ambulances, j'ai prévenu tout le monde.

Je fermai les yeux et frissonnai en écoutant Lilly parler : Et si elle n'avait pas été là ? Mais elle était passée par là. Elle nous avait sauvé. Une gratitude encore plus grande m'envahit : Où serions-nous, Laura et moi, sans Lilly ??

Je rouvris les yeux. Lilly me regardais en souriant. Je lui rendis son sourire, puis une nouvelle question, à laquelle on ne m'avait toujours pas répondu, m'inquiéta :

- Je vais rester longtemps ici ? Quand est-ce que je sors ?

De nouveau l'inquiétude me saisissait. Le médecin n'était pas resté bien longtemps dans la chambre. C'était bon ou mauvais signe ? Qu'est-ce que je devais vraiment croire malgré les sourires rassurant de Lilly... Tout se bousculait à nouveau dans ma tête :

- Il a aussi parlé d'entorse cérébrale, c'est grave ?

J'éclata de rire lorsque Sélène prononça les mots "entorse" et "cérébrale" associés.

-Je sais que je ne suis pas la fille la plus intelligente qui existe mais une entorse cérébrale, ça n'existe pas.

Je lui souria malgré qu'elle me regardait bizarrement.

-C'est une entorse des CER-VI-CA-LES que tu as. Si tu préfères, c'est le cou, enfin je crois que c'est ça.

Elle semblait surprise que j'en sache autant alors je m'expliqua.

-J'ai demandé à l'interne et il m'a tout expliqué.

Je mis un moment avant de comprendre mon erreur. Lilly me rendit à nouveau le sourire mais peu de temps, je demandai :

- C'est grave ?

Lilly secoua la tête :

- C'est encore ton interne qui te l'a dit ça ?

Elle sourit malicieusement. Je lui rendis ce sourire puis soupirais :

- Waoo je suis vraiment fatiguée ! Je n'enregistre plus rien ! Tu veux bien me rendre un service Lilly ? Demande à ton bel interne si je sors bientôt... J'en ai déjà assez de cette chambre blanche !

Puis je fermais les yeux, complètement épuisée.

Sélène me demanda d'aller questionner l'interne au sujet de sa sortie puis elle ferma les yeux et s'endormi aussitôt. Je souriais avant de lui déposé un baiser sur le front.

-Je crois que je vais te laisser te reposer.

Je sortie de la chambre et alla parler à l'interne qui m'expliqua que si tout allait bien, elle pourrait sortir 2 jours plus tard. Après cette bonne nouvelle, je décida de rentrer me reposer chez moi avant de revenir voir Sélène le lendemain.

FIN DU JOUR 1

JOUR 3: EXPERIENCE

Je m'étais réveillée presque normalement ce matin, à 10h. Je regardais autour de moi dans un réflex, pour voir si Lilly était là. Mais il n'y avais personne. La chambre était vide. Et je devais y rester jusqu'au passage du médecin, pour avoir enfin l'autorisation de sortie !

Je m'étais attachée à la présence de Lilly, qui avait été le seul réconfort de mon séjour ici. Elle était venu hier pendant plus de deux heures, pour me tenir compagnie.

J'avais appris par elle que Laura se reposait chez elle, avec Felix. Elle était un peu choquée des suites de l'accident. Mes parents avaient promis d'arriver aussi vite que possible mais une grève à l'aéroport les avait retardé. Quand à Damien... aucunes nouvelles !

La matinée passait assez lentement. J'avais trainé au lit en regardant la télé, puis je m'étais levée mais mes jambes étaient molles et je m'étais assez rapidement assise sur le lit. Soudain la porte s'ouvrit... Et Lilly apparut. Je ne pus m'empêcher de sourire :

- Hey ! Enfin un rayon de soleil dans cette chambre !!!

Sélène devait sortir aujourd'hui mais ses parents n'étaient toujours pas rentrée d'après ce que m'avait dit Sélène la veille donc j'alla la chercher. J'étais devant l'hôpital et je ne pus m'empêcher d'appeler Damien encore une fois et encore une fois, je tomba sur sa messagerie. Je lui laissa un message.

-Damien, c'est encore Lilly, je voulais juste te rappeler que Sélène est à l'hôpital suite à un accident et qu'elle sort aujourd'hui. Rappelle-moi dès que tu as ce message.

J'avais éteint mon téléphone et rentra dans l'hôpital pour aller voir Sélène qui m'accueillait chaleureusement.

-Qu'est-ce que tu racontes ? Il fait un temps magnifique dehors.

Je souris :

- Tant que je n'aurais pas cette fichue autorisation de sortie, je me ficherais du temps qu'il fait dehors !!!!

Lilly s'assit dans le fauteuil à côté de mon lit. J'ajoutais sur un ton complice :

- Je dois t'avouer que j'espère sortir avant le repas... C'est à dire avant 30mn et ça me parait très mal partit !

Je n'avais pas encore parler de ma sortie avec Lilly. Elle était la seule à pouvoir me ramener chez moi :

- Dis moi, Lilly, tu me ramèneras ensuite ??

Je rigola quand Sélène me demanda si je l'a ramenais après.

-Hum, je ne sais pas encore, ça demande réflexion.

Je lui souria tout en lui prenant la main.

-Bien sur que oui. Je te ramènerais dans la jolie maison du quartier des motards.

Je lui souriais toujours quand le médecin entra.

-Bonjour mademoiselle Muniz, il faudrait que je vous parle de votre sortie.

-Je vais vous laisser alors. Je reviens Sélène.

Lilly quitta la pièce. Le médecin m'expliqua alors dans les détails les modalités de ma sortie, les médicaments que j'allais devoir prendre pendant plus de trois mois, ainsi que l'évolution théorique de mon état.

Après un long moment, ponctué de nombreux termes techniques, il m'indiqua la procédure à suivre pour sortir. Je devais passer à l'accueil. J'avais du mal à y croire. Je demandai comme une idiote :

- Je peux sortir ??

Le médecin ne se dérida pas, n'eut pas un seul sourire. Il répondit seulement de façons très professionnel :

- Oui, vous pouvez sortir aujourd'hui, votre état s'est suffisamment amélioré !

Il quitta la chambre, et Lilly rentra à nouveau. Je m'exclamai, un grand sourire aux lèvres :

- C'est bon je peux sortir !

Je me levais et, les jambes tremblantes, commençait à ramasser mes quelques affaires avant de prendre la direction de la sortie :

- En route !

Une fois le médecin sortie, je rentra de nouveau dans la chambre et Sélène m'annoncea qu'elle pouvait sortir. J'ouvris mon sace et sortie des papiers.

-Je le sais déjà. L'interne me l'a dit et il m'a donné ça pour toi. Je crois que c'est pour ta sortie.

Sélène me regarda en souriant mais ce sourire voulait surtout dire "est-ce que tu as son numéro ?"

-Et non, il n'y a pas son numéro et il ne me l'a pas donné avant.

Je rigola puis on sortie de la chambre.

On passa rapidement à l'accueil. Après plusieurs formalités administratives, on gagna la voiture de Lilly. Elle m'aidait à marcher car je me sentais encore assez faible et fatiguée. Le médecin m'avait d'ailleurs recommandé beaucoup de repos.

A la vue de la voiture de Lilly, je repensais brièvement à la mienne : j'allais devoir la récupérer auprès de Weevil, car ma moto était complètement bousillée, aux dires de Lilly.

Je soupirais de contrariété et chassait cette pensée. Pour l'instant, le plus important était que j'allais enfin rentrer chez moi ! Et même si mes parents n'y étaient pas encore, au moins je serais chez moi et au calme !

- Je ne suis pas mécontente de sortir !!

Lilly alluma la radio. C'était une musique pop, Humain sacrifice, qui était diffusée. Je demandais, histoire de faire la conversation :

- Alors, tu es vraiment sûr que le bel interne ne t'a pas laissé de numéro ? J'ai du mal à croire qu'il ait résisté au charme de Lilly Kane !