A l'hôpital

- Lilly attend !

Elle s'arrêta sur le pas de la porte et se retourna. Je me sentais pitoyable. J'avais tellement besoin de compagnie. Je l'avais rappelé dans un élan spontanné. A présent, elle me regardait, et je ne savais pas comment lui dire.

Je bafouillais :

- Je n'ai pas très envie de rester seule, dans... cette maison vide...

La Selene que je connaissais n'aurait jamais hésité à ce point. Qu'est-ce qui m'avait chamboulé ? L'accident ? La solitude ? Le malaise de tout à l'heure dans le salon ??

Je pris sur moi :

- Tu voudrais bien rester encore un peu ?

Quand Sélène m'appela, je me retourna et lorsqu'elle me demanda de rester, j'accepta pour ne pas la laisser seule.

-Tu veux qu'on fasse quelque chose en particulier ?

Je la regarda en souriant mais comme ce que je venais de dire était très vague surtout pour quelqu'un sortant de l'hopital, je fit plusieurs proposition.

-On pourrait regarder un film ou jouer à un jeu.

Je n'avais pas très envie de bouger. Je répondis donc par élimination, en retenant un soupir fatigué :

- Un film, je veux bien.

Puis je désignai un meuble de ma chambre, trop fatiguée pour me lever :

- Regarde là-bas, il y'a des DVD, tu devrais trouver ton bonheur !

Pendant que Lilly cherchait le film idéal, je me projetai quelques mois en arrière, lorsque nous avions regarder Sex Intention chez Lilly, Veronica, Lilly et moi. Ironie du sort, le soir même, je fonçais dans un mur en voiture.

Enfin Lilly se tourna vers moi, un immense sourire aux lèvres, brandissant un DVD, et me tira de mes sombres pensées !

Je regardais tous les DVD que possédait Sélène. Je les inspectait tous un par un quand je tomba sur un film dont le résumé me donna envie de le voir : Queen Size Bed.

*Javier va épouser Marta et Pedro est follement amoureux de Raquel. Tout va pour le mieux, à ceci près que Marta et Raquel ont une relation amoureuse... Quand les deux hommes l'apprennent, les quatre personnages se retrouvent plongés dans un tourbillon de situations improbables entre désir et confusion sexuelle !*

Je montra fièrement le DVD à Sélène.

-Il a l'air bien marrant ce film.

Je déchiffrais le titre : Queen Size Bed...

J'avais complètement oublié que je possédais ce film dans ma vidéothèque ! Je me demandais même d'où il provenait !

Bref, sans me demander mon avis, Lilly, contente de sa trouvaille, se dirigea vers le lecteur de DVD et y introduit le "chef d'oeuvre" aux amours compliqués. Puis elle tirer les rideaux pour que la chambre soit plongée dans le noir, et revint s'asseoir à côté de moi sur le lit.

Le film commença. Et dès le début, j'ai su qu'il ne me captiverait pas. Je le suivi plus pour m'occuper. Et Lilly, un léger sourire aux lèvres, commençait déjà à savourer. Mais savourer quoi ? Le moment où les hommes découvriraient la relation des femmes ?

Vers le premier tiers du film, sa main tomba près de la mienne. Et je ressenti à nouveau le drôle de trouble de tout à l'heure. Je murmurai :

- Lilly ?

Elle me regarda surprise. Visiblement elle ne se doutait de rien. Je souris alors aussi à mon tour :

- Rien, laisse tomber.

Je dévorais litéralement le film. Je le trouvais très bien et il me fit rire. Peut-être que ce film me plaisait parce qu'il me rappelait mon fantasme d'une relation sexuelle avec une autre fille et un garçon.
A un moment, Sélène m'appela puis elle fini par me dire de laisser tomber. Je la regarda intrigué.

*Elle n'est pas comme d'habitude et je doute que se soit à cause de l'accident*

Je continua de regarder le film mais je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour elle. Elle semblait troublée par quelque chose mais je ne savais pas quoi.

La première scène où le téléspectateur comprend que Rachel et Marta ont des relations très intimes, dépassant la simple amitié, arriva enfin. Ce devait être en quelques sorte la scène clé du film. Le pivot, autour duquel tourne l'intrigue.

Au moment de cette scène, quelque chose me frappa. Le regard que Rachel posait sur Marta. Il y'eut un gros plan sur ses yeux. Et ce regard ne m'était pas inconnu. C'était le regard que Lilly posait sur Sam. Cette découverte m'intrigua, mais chose encore plus troublante, cette découverte éveilla quelque chose en moi.

De l'intérêt ? De l'envie ?

Je n'aurais pas su le dire, mais c'était loin d'être désagréable, et cela me perturba encore plus.

Je regardai Lilly. Les lignes de son visage, éclairées par la lumière de la télévision, brûlait d'excitation et d'envie, d'amusant et d'ironie. Ses yeux pétillaient.

Sans réfléchir, je murmurai :

- Lilly...

A nouveau elle me regarda, avec surprise. Mais son expression changea progressivement. Moi même je ne devais pas avoir le même regard que quelques instants auparavant. Je murmurai encore dans un souffle, un peu troublée et grave :

- Pourquoi tu tiens tant à essayer avec une fille ... ?

Sélène m'appela à nouveau mais sa voix était tremblante comme si elle avait peur de quelque chose. Au bout d'un léger silence, elle me posa enfin sa question.

- Pourquoi tu tiens tant à essayer avec une fille ... ?

Je la regarda en souriant.

-La vie est malheureusement courte et il faut en profiter quand on est jeune et puis il faut aussi découvrir des choses, de nouvelle sensation. Dans Sex and the city, quand Sam entame une relation homosexuelle, elle décrit ça comme quelque chose de fantastique et d'incomparable avec les relations hétéros. Je veux juste comparer les 2.

En disant cela, Lilly avait rapproché son visage du mien, sa main avait effleuré la mienne. Et sans que je réalise comment, ses lèvres s'étaient posées sur les miennes. Je n'eus aucune réaction. Ni de recul, ni d'encouragement.

Un peu à cause de la fatigue. Et un peu à cause des émotions qui m'envahissaient : c'était suprenant. Inattendu. Destabilisant. Troublant.

J'eus l'impression que de longues minutes s'étaient écoulées, avant que Lilly ne se recule un instant, son regard plongé dans le mien. Je réagis alors instinctivement, sans me poser de question. Je murmurai dans un léger sourire :

- Je pense que Sam n'avait pas entièrement tord...

Puis ce fut moi qui posa mes lèvres sur les siennes...

Sans vraiment savoir pourquoi ni comment, j'avais embrassé Sélène. Je m'attendais à une réaction vive de sa part mais au lieu de ça, elle m'embrassa à son tour. Au bout de quelques secondes ou peut-être minutes, nos lèvres se détachèrent.

-Heu, je vais ma chercher à boire, tu veux que je te ramène quelque chose ?

Je regardais Sélène en souriant. Je n'allais pas perdre ma bonne humeur légendairealors que Sélène venait de réaliser un de mes fantasmes.

Le film n'était pas encore terminé, et il tournait toujours quand Lilly nous ramena deux verres d'eau. Elle se rassit à côté de moi, et me regarda d'un de ces regards lourds de sous-entendus. Un sourire léger jouait sur ses lèvres.

Le temps qu'elle aille nous chercher à boire, j'étais sortis de cette ambiance troublante. Je me posai alors mille question : Pourquoi j'avais fait ça ? Est-ce que j'étais réellement attirée par les filles ?

Je regardai Lilly moi aussi, et demandai, un peu perdue :

- Que s'est-il passé ?

Je regardais Sélène avec un sourire qui voulait dire qu'elle le savait très bien.

-Je crois qu'on s'est laissé emporter par l'ambiance du film mais ne t'en fait pas, je ne dirais rien du tout. Je serais une tombe, tu peux me faire confiance.

Je la regardais toujours en buvant mon verre d'eau. Quand tout d'un coup j'éclata de rire.

-Quoi ?

-Non rien, c'est juste que j'ai imaginé la tête des autres s'il le découvrait.

La blague de Lilly m'arracha un sourire... Qui disparut très vite. Moi je n'avais pas très envie de connaître leur tête, je n'avais pas envie que ça se sache. Je bus une grande gorgée d'eau, en essayant désespérément de mettre mes idées au clair... Ce fut peine perdue.

La chambre était toujours dans la pénombre, le film toujours en marche. Une question stupide me vint à l'esprit. Je la chassais mais elle revint rapidement, et ma curiosité fut la plus forte :

- Lilly.... Dis moi ....

Son regard, son sourire, tout en disais long. Elle avait peut-être une idée de ma question à venir, toujours est-il qu'elle semblait l'attendre impatiemment :

- Ca t'a plu ? Je veux dire... avec moi ?

Je lui souria malicieusement.

-Disons que ce n'est pas la même sensation qu'avec un garçon. C'était plus doux.

Je regarda Sélène dont le regard avait changer.

-Et toi ? Ca à l'air de t'avoir plu la première fois puisque tu as recommencé.

A cause de la pénombre, je ne saurais dire si Sélène me fusillait du regard ou non. Je souriais toujours, après tout, on ne peux jamais savoir ce que pense l'autre.

Je réfléchissai. Je répondis vaguement :

- J'imagine que oui...

Lilly avait raison. La première fois je m'étais laissée faire. La deuxième, JE l'avais embrassé. Est-ce que pour autant j'avais aimé ? Est-ce que j'avais honte de dire ce que j'avais vraiment ressentit ?

Je n'avais jamais rien eu contre l'homosexualité des autres. Mais quand elle vient perturber votre vie, votre regard change complètement. Et c'est exactement ce qui m'arrivait aujourd'hui. Je n'osais pas dire ce que j'avais ressentit réellement parce que... j'avais aimé ça !

Je fixai la télé, sans la voir. Une scène sans importance où l'un des hommes s'en prend à l'autre. Je murmurai encore :

- Je crois que oui...

De nouveau je ressentai comme une sorte de tension intime dans l'atmosphère. Comme si Lilly me dévorait du regard. C'était donc ça que ressentait un de ses toyboys avec elle ? La sensation d'être une proie ? Rien qu'à cette pensée, je partis à rire, sans me contrôler, et fis remarquer :

- Lilly, tu es comme une lionne face à son déjeuner, il faut te calmer, tu dégages beaucoup trop de tension sexuelle !!!!

Je regardais Sélène étonnée avant d'éclater de rire.

-Je dégage trop de tension sexuelle ? Hum, c'est bon à savoir, je vais peut-être appelé Weevil alors.

Je continua de rigoler.

-A moins que tu veuilles qu'on le fasse ensemble.

J'avais dit cette dernière phrase sur le ton de la plaisanterie mais je remarqua que Sélène me regardait bizarrement, en avait-elle envie ?

La première expérience ne m'avait pas déplue. Mais la proposition de Lilly me perturba quelques secondes : est-ce que j'avais envie de "le faire" avec une fille ? Avec Lilly ?

L'atmosphère troublante s'était réinstallée de plus belle, d'autant que le film nous dévoilait une scène d'amour très sensuelle entre les deux filles.

Après tout, pourquoi pas ? Je saurais peut-être à quoi m'en tenir. Mais avant toutes choses, il fallait que je sache si l'envie, ou du moins la curiosité, car je ne savais pas bien comment nommé mon sentiment, était partagée.

Je répondis donc avec un sourire mi-grave, mi-malicieux :

- Ca dépend... est-ce que tu en as vraiment envie toi ?

Je ne pensais pas que Sélène serait plus ou moins d'accord avec ma proposition qui me semblait délirante.
Je dois bien avouer que j'étais assez tenté par l'expérience mais je ne voulais pas briser mon amitié avec Sélène.
Je l'a regarda dans les yeux, fixement.

-Ca dépend si notre amitié en souffre ou non.

Je continua de fixer Sélène.

Lilly ne riait plus. Et si sa réponse était incertaine, son regard ne la trahissait pas. Je fis mine de le prendre à la légère et répondit d'une voix un peu étouffée :

- Tu rigoles Lilly... Ce n'est qu'une expérience. Notre amitiée n'en souffrira pas !

Je ne pouvais bien sûr pas en être certaine, mais c'était la sensation que j'avais à cet instant. Avoir une expérience, ou relation (appelez ça comme vous voulez !) avec une fille était très différente que d'en avoir avec un homme. J'avais l'impression étrange que, quoiqu'il se passe avec Lilly se soir, rien ne changerait dans nos vie...

De nouveau nos mains s'effleurèrent. Je demandai encore :

- Alors tu en penses quoi ?

Sélène m'effleura les mains avec les siennes.

-J'en pense que...

Je me leva, sortie de sa chambre et remonta quelques instant plus tard avec une bouteille de Vodka pleine.

-Ca nous aidera à passer le cap et peut-être qu'on aura tellement bu qu'on ne se souviendra de rien en nous réveillant.

Je regardais Sélène en souriant puis j'ouvris la bouteille et commença à boire. Je passa la bouteille à Sélène qui semblait hésiter.

Lilly semblait ne pas comprendre. Et moi je ne comprenai plus à mon tour. Je pensais qu'elle avait envie de tenter ça, naturellement. Et pas en buvant, "pour oublier".

Je prie la bouteille des mains de Lilly et la posa à côté de moi. Puis je fis remarquer calmement :

- Ce n'est pas ainsi que je voyais les choses. Et je ne croyais pas que Lilly Kane avait besoin de boire pour faire "ça" !

Elle me regarda, sûrement un peu surprise de mon ton ferme. Je m'étais un peu éloignée d'elle et repris gravement :

- Je pensais que tu avais envie... un tout petit envie... de le faire avec moi... Bien sûr que c'est un fantasme, une experience. Mais crois-tu que je t'aurais rendu ce baiser si ça avait été désagréable, et ce, malgré tous les fantasmes du monde ?

Après une phase de questionnement, j'étais à présent frustrée de la façon dont les choses se passaient. Il y'avait tant de "magie" dans l'air l'instant d'avant, tout s'enchaînait de façon naturelle, et c'était si simple. Mais maintenant, Lilly compliquaient les choses :

- Est-ce que tu es sûr d'en avoir vraiment envie ? Et avec moi ??

Je regardais Sélène tout en prenant la bouteille.

-Cette bouteille t'était pplutôt destinée. Même en la buvant en entier, je ma serais souvenu de ce qu'on va faire.

Je m'approcha de Sélène et je l'embrassa. Timidement au début puis plus passionnément. Nos doigts s'entremélèrent et nos baisers étaient de plus en plus torride. Au bout d'un moment, je m'arrêta de regarda Sélène.

-Es-tu sure que c'est ce que tu veux ? Tu sors avec Damien et je ne voudrais pas que "ça" soit un motif de rupture si jamais quelqu'un le découvre un jour.

La question de Lilly était gênante, tellement elle était pertinente. Je ne voulais pas y réfléchir maintenant. Je murmurai :

- Chuuuuut...

Nos baisers reprirent, nos caresses aussi. Nous faisions ça doucement, parce que nous découvrions toutes les deux ce genre de relation. C'était excitant parce que c'était nouveau.

L'excitation anihilait ma fatigue. Mon cou me faisait parfois souffrir, mais moins qu'avant. Quand je faisais une grimace, Lilly se faisait plus douce. Elle sentait bon. Je ne m'étais jamais demandé si une fille sentait bon, autrement que pour admirer ou non son choix de parfum. Ce soir, je raisonnais autrement. Je murmurai dans un sourire :

- Tu portes quoi comme parfum ?

Je voulais graver son odeur dans ma mémoire.

Tout en embrassant Sélène, je répondis à sa question.

-C'est du Chanel. Je le fais importer de France.

On continua de s'embrasser et en passant près de son oreille, je lui posa une question ou plutôt, je lui donna un conseil.

-Ca va ? Si tu as mal ou que tu es fatiguée, dis-le moi et on arrête tout.

J'embrassa son cou, son épaule puis je retourna embrasser ses lèvres qui étaient si douce.

Je souris :

- Non ça va, ne t'en fais pas. Continue, j'adore ça !

J'avais lâché ce mot presque malgré moi. Et pourtant je devais me rendre à l'évidence que le souffle de Lilly dans mon cou, ses lèvres sur les miennes, les courbes de son corps sur le mien... tout ça me plaisait !

C'était très différent d'une relation avec un homme. C'était bien plus doux et intime, bien plus patient et sensuel. Aujourd'hui c'était exactement ce dont j'avais besoin, après toutes les épreuves que j'avais passé.

Je caressais le dos de Lilly et en profita pour la presser un peu plus contre moi :

- Et toi ça te va comme ça ?